« LEIGH ! Sors tout de suite de la salle de bain ! Je compte jusqu'à trois ! » Ma main s'entrechoqua une nouvelle fois contre la porte close de la salle de bain tout en me faisant gémir de douleur. Pas la peine préciser que je n'eus aucune réponse de ma benjamine alors qu'en soupirant je retournais dans ma chambre aux couleurs pastelles de mon adolescence. Les murs étaient tachés de mon innocence perdue alors que l'odeur de mon premier parfait embaumé l'air de cette chambre qui malgré tout ne me manquait que peu. Certes il m'arrivait d'avoir le besoin soudain de retourner dans cette maison et dans cette chambre qui avait bercé toute ma jeunesse malheureusement la joie disparaissait vite pour laisser place à l'amertume. Cette amertume que laissa son absence … Elle était partie aussi rapidement que les feuilles mortes en automnes à peine tomber. Car oui elle avait une chute monumentale après la naissance de sa deuxième petite fille. Les dépressions ont toujours été fréquentes chez les jeunes mamans mais malheureusement pour la mienne elle signa sa destruction. Elle lutta durant 5 ans avant de se rendre à l'évidence que la fuite était sa seule solution. Eut elle des regrets ? J'ai toujours aimé le croire cependant l'absence de lettres et de nouvelles me prouva le contraire. Malgré son absence mon père fit tout pour donner une vie tranquille en mettant tout en œuvre pour que nous ne manquions de rien. Il se tua à la tâche tout en enchainant les petits boulots. Dans un sens il fut mon plus grand modèle et encore aujourd'hui lorsque son regard remplit de fierté vient à se poser sur moi je ne peux nier la satisfaction que j'en ressens. Il n'avait jamais été question d'une personne mais juste de notre famille. Survivre à trois et non tout seul ! Et malgré mon choix de quitter la maison pour prendre mon propre appartement nous étions toujours aussi proche. Mon père avait tenté en vain de retrouver l'amour dans les bras d'une autre malheureusement aucune ne fut à la hauteur. Quoique Guiliana avait été adorable mis Leigh la trouvant trop sèche avait malencontreusement rendu sa vie impossible. Puis ce fut à mon tour de faire la même avec la suivante. Après tout notre père était à nous … Et ce fut que quelques années plus tard, que je compris l'énorme bêtise de notre jeunesse. Mon père ne devait en aucun finir seul et nus avions rien à dire sur son choix. Je me laissais alors tomber sur mon lit le regard vide plongé dans tous ces souvenirs qui m'avait façonnés … Il ne restait plus qu'à si c'était dans le bon sens ou dans le mauvais.
« C'est bon fallait pas faire un scandale pour ça, la salle de bain est à toi. » Je me relevais sur mes coudes tout en haussant un sourcil face à la bouille angélique mais pour le moins hypocrite de ma sœur. Elle était tellement belle que j'aurais pus ressentir une certaine jalousie si elle n'était pas mon portrait craché. Dans certaine famille, les enfants sont totalement différents l'un de l'autre avec un blond et un brun mais dans notre famille de blond tout le monde était loti à la même enseigne. «
En faite j'avais tord vu ta tête ! Va falloir tu penses franchement à la chirurgie esthétique. » Un large sourire se dessina sur son visage pourtant angélique alors que j'attrapais un cousin dans l'espoir de bien viser cette fois-ci.
« Petite garce. » Un nouveau rire se fit entendre alors que ma petite sœur prenait la fuite comme si de rien était. J'avais toujours été la pour elle en prenant en quelque sorte le rôle de la maman malgré le peu de différence d'âge qui nous séparait. Elle était ma petite, celle que je devrais préserver de tout et de moi si jamais je devais devenir une autre personne.
Comme toujours j'enchainais mes études et mon petit boulot de serveuse dans un des restaurants gastronomiques de la ville. Certes je n'avais aucun talent le service mais vu les autres filles qui m'accompagnais j'étais quasi persuadée que le physique rentrait en première ligne de compte dans les recrutements de notre cher patron. Comme toujours j'avais quelques minutes de retard alors que le monde commençait à se faire sentir et bien sur comme tous les soirs le restaurant allait être bondé à mon plus grand malheur. Je m'entendais à peu près avec tout le monde sauf avec la brune ténébreuse du nom de Maxime. Bien sur qu'elle était belle voir même plus que ça et bien sur son léger accent français faisait fondre tous les mecs qui passaient sur son chemin. Au fond elle me ressemblait sur de nombreux points avec son côté insociable. Elle avait tout pour que puisse la détester … Il n'y avait de la place que pour une seule et la blonde que j'étais, n'était pas prête à lâcher cette affaire. D'après le peu de mot que j'avais échangé avec elle était étudiante en communication aussi paradoxal que cela puisse paraître. La scientifique et la littéraire n'avaient que peu de chance de faire bon ménage. Pourtant je l'appréciais autant que je la détestais. Et ce soir là comme toujours au milieu du service je pris la peine de m'éclipser pour prendre de l'air. Ces temps-ci ma vie semblait m'échapper telle une eau intarissable. Pour la première fois de ma carrière médical une personne était morte devant mes yeux mais surtout j'avais prononcé l'heure du décès alors qu'une boule se formait au creux de mon estomac. Tous nos cours étaient inutiles face à la mort et j'apprenais enfin sa signification avec peur et horreur. Inspirant profondément pour prendre appui sur une des nombreuses barrières en métal qui séparait le trottoir de la route je soupirais fortement.
« Tu veux une clope ? » Le léger accent français qui trahissait sans cesse les origines de la belle brune qui venait de m'interrompre me fit l'effet d'un électrochoc. Je me figeais alors tout en tournant la tête dans sa direction. Elle se tenait à côté de moi avec une attitude de désinvolte affligeante alors qu'un léger sourire se dessinait sur ses lèvres. En temps normal j'étais la plus grande opposante à la cigarette mais en ce soir morne ou le moral n'était pas au rendez-vous, je tendis la main dans sa direction.
« Merci ». Mon bout de tabac s'enflamma rapidement alors que j'avalais ma première bouffée de fumée l'air fière. Les larmes me montèrent au yeux tout en manquant de peu de m'étouffer.
« Ebony c'est ça ! » J'haussais un sourcil tout en ne comprenant pas le comportement soudain amical de la française parfaite en tout point. La surprise dût sans mal se lire sans mal sur mes traits car son sourire s'élargit un peu plus sans pour autant être moqueur.
« Oui. » Je n'étais pas là pour faire la conversation. Une goutte d'eau de la taille d'un caillou s'écrasa sur mon front tout en me faisant pousser un léger gémissement de douleur. Pourtant alors que courir me mettre à l'abri aurait été plus raisonnable je restais immobile les yeux perdus dans le vide.
« Merde mon brushing. » Maxime venait à nouveau de parler tout en coupant court au silence qui venait de s'immiscer entre nous deux. Mon rire se mêla au sien alors que l'eau dégoulinait sur mes vêtements de sourire. Insouciante oui je l'étais … Une détonation puis le trou noir alors que mon corps fut anesthésié par la douleur. Étais ce ça la mort ?
Assisse au bar du restaurant en train de siroter un cosmo juste avant de prendre mon travail ce qui n'était en rien très délicat de ma part à ce sujet mais pour être franche je m'en moquais totalement. Je ne comprenais plus alors que ma vie prenait un tournant étonnant. J'étais encore vie mais comment ? J'aurais dût périr avec Maxime la nuit dernière. Pourtant nous nous étions relevé comme si de rien était avec une boule au ventre. Je ne comprenais pas jusqu'à m'en donner la migraine. Buvant une nouvelle gorgée de cocktail tout en étant plongée dans mes pensées illogiques je ne fis guère attention à l'ombre qui prit place à mes côtés.
« Ça te dirait belle blonde que je t'emmène dans mon comic strip ?! » J'avalais avec peine ma salive tout en manquant de peu de m'étouffer. Tournant la tête vers la personne qui venait de me déranger je ne pus nier ma surprise face à l'apollon qui me faisait face. En temps normal je lui aurais sauter dans les bras pour lui laisser une nuit mémorable en tête mais je ne fis rien.
« Non j'crois pas ! » J'avais ponctuer la fin de ma phrase par un léger sourire qui finis rapidement en grimace alors que je reportais mon attention sur mon verre et en particulier à ma main nouée autours du verre. Pourquoi ? Ce matin aurait dû être un jour normal lors de mon stage aux urgences. Et comme tout médecin mon scalpel avait loupé sa cible pour finir enfoncer dans ma paume. Les larmes m'étaient montées aux yeux sans pour autant que je vienne à crier ma douleur. Je m'étais contenu pourtant lorsque la plaie se referma comme se de rien était je ne pus retenir mon cri de surprise. Pourquoi ? Tant de questions auxquelles je ne trouvais point de réponses. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres en voyant le barman du restaurant arriver dans ma direction avec un sourire compatissant. Je devais vraiment avoir une tête à faire peur !
« Hey Dickson, enfin de retour ! » Je me relevais comme si on venait de me donner un coup dans le dos alors que j'interrogeais du regard le barman dont toute l'attention était porté sur le pervers d'à côté qui commençait un long récit sur sa vie.
« Dickson comme Dickson ? » Ma voix était montée dans les aiguë sans même que je puisse la contenir. Non pas Dickson comme mon patron pitié non ! Le pervers s'arrêta net pour tourner lentement sa tête dans ma direction un large sourire hypocrite sur les lèvres.
« On ne coupe pas les gens par politesse et encore moins le fils du patron. » Le rouge me monta au joue alors que j'essayais tant bien que mal de ne pas perdre la face ce qui relevais de l'exploit. Voyant Maxime passée la tête baissée similaire à la mienne, je me levais d'un bond en m'exclamant sans même un regard pour le jeune homme.
« Je file sinon je vais être retard. » La fuite encore et encore alors que mes pensées étaient tournées vers cet homme dont je ne connaissais même pas le prénom pathétique !